Un atelier de recherche par deux artistes graveurs

Last updated on 29/12/2023

Voici installée la dernière exposition de l’année, « atelier de recherche » c’est le titre d’une invitation à venir découvrir toutes les techniques de gravures. Pour s’y initier, les artistes Magda Moraczewska et Dominique Martigne qui adorent partager leurs techniques favorites, vous proposent un atelier d’initiation dimanche 10 décembre à 14h30. S’inscrire à l’atelier ou sur coindeciel@orange.fr

Pour en savoir plus:

/// Dominique Martigne

Dans ma recherche, j’aime à travailler sur la fragilité, celle de la vie, de l’humain, ses blessures, ses différences, son humilité nécessaire pour survivre dans des mondes qui ne peuvent se rejoindre qu’en pointillé. En contre-point j’aime la puissance des forces de la nature en mouvement, intemporelles pour moi et loin de la fragilité. Le vent, la mer, les volcans, la glace… ces forces sont éternelles, ici ni le temps ni l’espace n’existent.

Cette fragilité c’est aussi celle qui nous construit, l’accumulation de nos expériences de vie, des longs voyages, des souvenirs, de l’enfance, tout un monde tient dans l’équilibre de l’instant présent.

Dominique Martigne, photographe et graveur expose régulièrement.

Il est le co-fondateur des Ateliers Migrateurs et de la Biennale de Gentilly.

Magda Moraczewska s’exprime à travers plusieurs techniques dans une même démarche, celle d’une révélation.

Très présente dans son travail, l’artiste n’impose pas sa vision, elle laisse de la place au spectateur en le guidant dans la transparence du blanc et du bleu, à travers l’apparition des formes. Magda travaille par séries, explorant son motif jusqu’à l’effacement des possibles, séries ponctuées par quelques « œuvres », naissant soudain au plus profond d’une routine voulue.

Le rapport de l’artiste à l’image s’articule autour d’une opposition permanente entre le ressenti et la réalité, c’est un aller-retour entre le rêve et l’éveil. Il en est de même des mots. En esquissant des phrases légères en apparence, Magda nous fait entrevoir les dessous là où le son fait sens. Ses textes courts tels des haïkus, accompagnent les visuels d’un murmure tout en retenue.

Et rien n’est vraiment dit… Contradictoire, comme nous tous, l’artiste laisse pressentir ses univers oniriques en poupées russes, elle-même restera cachée et s’effacera avant de dire un mot.

Pour ses expositions Magda conçoit un ensemble de travaux regroupant gravure, photogravure, couture, écrits, photographie, dessin, monotype, cyanotype et collage. Selon la configuration du lieu, les travaux bidimensionnels côtoient les pièces en bi-face en mouvement et en transparence.

La recherche poétique d’un feu follet fait partie intégrante du travail de Magda, sa réflexion porte sur la mémoire et sa perte. Nous y devinons aussi bien la perte que la joie d’un retour, nous assistons à des re-trouvailles d’images, d’idées résolument décousues (et re-cousues), à des rencontres “dada” d’objets trouvés et de matériaux parfois étranges. En déambulant à travers ses expositions, nous verrons quelques vrais, mais surtout de faux souvenirs

Dans son projet Mémoire-miroir, Magda travaille à partir des photos anciennes, des photos trouvées, non identifiées, d’un recueil des paroles, de feuilles manuscrites éparses.

L’artiste reproduit, clone ou fragmente les images par le biais de différentes techniques, en redonnant aux inconnus une présence ainsi que des mots d’emprunt parfois illisibles.

Ainsi reprennent vie quelques lés effacés, déchirés où destins et trajectoires géographiques se croisent.

Les phrases manuscrites sont raturées et tronquées, imprimées en miroir, elles servent de trame d’un point de vue plastique, les mots et les lettres deviennent formes sur une surface, illisibles et étrangers à jamais. Pourtant, ils demeurent signes.

Toute écriture est supposée faire sens, est une tentative de communication. De même pour les photographies, on peut inventer des identités incertaines, des vies possibles, récréant une mémoire commune et universelle.

Novembre 2023